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"expérience de mixité sociale menée depuis cinq ans dans deux collèges du XVIIIe arrondissement de Paris : le projet a produit des résultats inespérés. Résultats scolaires pour les élèves, sur le niveau de violence, dans et en dehors du collège, sur l’esprit d’équipe chez les enseignants, ravis de redonner du sens à leur travail.[...] Des esprits trop budgétaires diront que ce type d’expérience coûte bonbon. C’est vrai. Mais mesure-t-on le coût financier et sociétal des ghettos scolaires que l’on laisse dériver ?"
"les études montrent que «les résultats scolaires des élèves de milieux favorisés sont relativement peu influencés par le contexte dans lequel ils évoluent», remarque Julien Grenet , directeur de recherche au CNRS [...] A l'inverse, les élèves de milieux populaires cumulent les inégalités lorsqu'ils se retrouvent dans des ghettos de pauvres. [...]«Ce qui change de façon considérable c'est la perception du système, le fatalisme social, le sentiment de n'avoir aucune perspective d'ascension sociale , liste Julien Grenet. Quand bien même leurs résultats ne changeraient pas ou peu, ils vont faire des choix beaucoup plus réfléchis et par exemple davantage s'orienter vers des filières générales.» [...] Les enfants apprennent dans la cour de récré : «La mixité favorise les compétences psychosociales : s'adapter aux autres, dialoguer, arriver à construire du collectif, assumer sa part d'originalité... Se frotter à l'autre est un élément décisif dans la façon dont se socialise un individu», estime Etienne Butzbach, coordinateur du réseau mixité à l'école pour le Cnesco, le Centre national d'étude des systèmes scolaires. "
Tribune pertinente de professeurs de philosophie contre les dérives "sociale, culturelle et écologique" de l'éducation :
"Disparités entre établissements dans la gestion de la situation sanitaire, entre des classes réduites de moitié et d’autres ayant travaillé en effectif complet ; choix de la meilleure des notes entre celle du contrôle continu et celle de l’épreuve, autre manière de lui ôter son sens, sauf dans quelques cas exceptionnels ; convocations envoyées au compte-goutte, en avance ou à retardement, étourdissant les directions d’établissements dans un tourbillon « disruptif ». Quant à la correction des copies, elle a été imposée sous forme « dématérialisée », autrement dit, numérique."
"La dématérialisation des corrections, indice de l’ignorance des spécificités de notre métier, est un symptôme : elle renvoie à une dérive sociale, culturelle et écologique profonde, qui étend la contrainte à tous les niveaux de la société. Qui l’enserre dans la toile des algorithmes. Telle est déjà la logique coercitive de Parcoursup, qui a transformé en quelques années nos élèves en entrepreneurs de leur scolarité."
Cela me rappelle cette analyse de Steigler dans Il faut s'adapter, à propos du libéralisme de Dewey :
"On comprend mieux dès lors pourquoi la mission première du libéralisme passe par l’éducation, interprétée comme ce qui rend possible la socialisation de l’intelligence, et par une politique publique de mise à disposition du savoir dans un ensemble d’institutions et de médiations collectives qui l’incarnent et qui lui donnent corps. Et on comprend mieux aussi pourquoi, dans ces conditions, la lutte du nouveau libéralisme contre le capitalisme doit être d’abord une lutte contre la confiscation du savoir et du capital culturel par les élites ou par « l’oligarchie ». Car la lutte pour la réappropriation des moyens de production passe d’abord, et bien plus que ne l’a compris le marxisme, par une lutte pour la réappropriation du savoir, c’est-à-dire pour la réappropriation des moyens d’expérimentation :
« Le type d’organisation sociale qui permettrait à l’être humain moyen ne serait-ce que de partager l’intelligence sociale potentiellement disponible n’existe pas à l’heure actuelle. […] Derrière l’appropriation par le petit nombre des ressources matérielles de la société, il y a l’appropriation par les mêmes, et pour leurs propres fins, des ressources culturelles et spirituelles qui sont, non pas le produit des individus qui en ont pris possession, mais du travail de coopération de l’humanité. »"
De l'importance première des questions d'éducation pour toute vie en société